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Shoguns utilisant le 57e Ronin
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Le Faussaire
Un pacte avec Roberto, le diable des affaires
Art et commerce
Cette histoire est inspirée d'un fait réel, poussé aux limites du vraisemblable, pour en sortir une leçon générale.
Le Maître, un peintre surdoué, étudiait les grands artistes du passé pour se perfectionner dans son art. Ses toiles se vendaient peu et mal.
Roberto, le gérant de la galerie d'art où il exposait sa production, lui expliquait que la mode était au conceptuel, et non au bête figuratif, totalement hors du marché.
Le galeriste baratinait le Maître dans un épouvantable sabir cosmopolite :
Nous vivons dans le nouveau Monde, my friend ! Ze brave new world !
Finito, Leonardo da Vinci ! Kaputt, Leonardo ! Yes, le mec est dead ! Alles klar ?
Alors, fais-moi plutôt du Malévitch ou du bleu Klein, s'il te plait !
Please ! As Soon As Possible ! Sans vouloir te commander.
Mais pas du Soulages : Too much cheap !
On touche le fond, amigo mio : je ne parviens même plus à vendre une de tes toiles à un de ces fucking FRACs .
Porca miseria ! Adios, ma grosse commission !
Comme Marguerite, la maitresse du peintre, avait du mal à joindre les deux bouts dans l’économie de leur ménage, elle lança un ultimatum au Maître :
La situation actuelle ne peut plus durer. Il y a péril en la demeure !
Soit tu gagnes du pognon, soit je te plaque !
Je te donne trois mois, pas un jour de plus, pour redresser nos finances. Ce ne sont pas des paroles en l'air : je te préviens que ton ennemi juré, le célèbre Andy Woland, la richissime tête de gondole du pop-art chez les Yankees, m'a proposé très sérieusement de devenir sa nouvelle muse.
Tout, mais pas cette crevure d'Andy Woland ! pensa le Maître. Motivé par ce puissant aiguillon, le peintre consulta son galeriste pour recueillir un conseil.
Le galeriste, voyant le Maître au désespoir, le soumit à la tentation : je connaîtrais bien une solution à ton problème, mais elle n'est pas politiquement correcte.
En vérité, je te le demande, peintre maudit :
Es-tu prêt à t'affranchir du politiquement correct ?
Es-tu prêt à passer un pacte Faustien avec moi ?
Le Maître, qui ne voulait pas perdre Marguerite sa maitresse, lui répondit par l'affirmative dans un hochement de tête muet. Le galeriste lui décrivit alors sa belle combine, à la manière de Nicolas Boileau :
Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
Et les mots pour le dire arrivent aisément.
Le galeriste expliqua au peintre que ce dernier n'avait qu'à peindre un faux Picasso, ce qui n'était qu'un enfantillage pour lui, et qu'en contrepartie, il recevrait un million de dollars.
Le galeriste lui certifia que tous les pseudo-experts n'y verraient que du feu, et qu'il connaissait de nombreux financiers rapaces, incultes et vaniteux, prêts à se ruer sur sa création.
Marché conclu !
En trois jours de temps, le Maître fabrique le faux Picasso, ce qui ne présente aucune difficulté technique : pigments modernes, composition sommaire, et exécution primitive. Ensuite, passage au four, thermostat 5, et la touche finale : la lampe à rayons ultra-violets pour simuler artificiellement le vieillissement ! Avec un sujet intemporel, inspiré par la détresse de Marguerite : la femme qui pleure, composée de triangles, de rectangles, d'un oeil et d'une grosse larme, devant un mur uni et ocre jaune, une couleur solaire et bien tape-à-l'œil.
Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Abracadabra ! Et le tour sera joué, pour la satisfaction de Marguerite.
Le galeriste réceptionne le faux Picasso, obtient au moyen de juteux pots de vin tous les certificats d'expert, et réussit à le fourguer pour 27,183 millions de livres sterling à un Anglais arrogant, un financier vautour de la City de Londres, Maurice Johnson, blond, hâbleur, menteur, grand fourbe comme tout Anglo-saxon, crétin mal fini, marié à Carrie Symon-Cussonnay, une attachée de presse hystérique, naturellement hystérique.
Le peintre reçoit le million de dollars comme convenu, et le reverse illico presto à Marguerite sa muse et gardienne de son foyer, par un juste retour des choses.
Maintenant que Marguerite est rassurée et sereine, le peintre décide qu'il est grand temps de s'attaquer aux choses vraiment sérieuses et de frapper un grand coup. Finie, la rigolade !
Son grand œuvre sera de faire une synthèse de Nicolas Poussin et de Rubens dans un tableau de La Fuite en Suisse.
Je reprends la composition de Poussin de la Fuite en Egypte, mais avec une grosse banquière italienne bien joufflue, comme chez Rubens, et aussi plein d'angelots porteurs de lingots d'or. Mieux vaudra s'abstenir de mettre dans le tableau le médecin Jérome Cahuzac, vu sa baisse de popularité depuis ses démélés avec l'état profond, le très dangereux Deep State. Je verrais bien un gnome hongrois et très laid, monté sur des échasses, une sorte de troll mais en minuscule, et habillé en douanier pour relever la composition et plaire à la ménagère de plus de 50 ans.
Voilà qui aura de la gueule !
Avanti pour l'appropriation culturelle !
Après trois mois d'études, de travail acharné, la nouvelle Fuite en Suisse est terminée.
La peintre apporte son chef d’œuvre au galeriste, qui, au bout de deux ans, en tire royalement 2.000 euros, en le vendant au docteur Jean-Paul Shaitana, médecin psychiatre et maoïste, exerçant ses méfaits à la clinique Sans-Souci, clinique privée à but hautement lucratif située à Levroux dans l'Indre.
Le Maître en conclut :
Dostoïevski fait dire à son Idiot que la beauté sauvera le monde. Eh bien ! nous ne sommes pas encore sauvés. Mine de rien, j'ai fait œuvre de justice sociale en faisant ruisseler un million de dollars depuis la poche du riche Johnson vers celle de la pauvre Marguerite.
Yes ! Ich bin ein social justice guérillero !
Néanmoins, j'ai l'impression très désagréable de vivre dans un monde absurde, où l'art et le commerce obéissent à des logiques contradictoires, et où la Vie des autres est bien tragique. Heureusement, mon galeriste s'appelle Roberto Rastapopoulos, et non Méphistophélès, et ce n'est qu'une légère dissonance cognitive.

Références pour aller plus loin : Roman Le Maître et Marguerite de Boulgakov.
https://fr.rbth.com/en_bref/93624-mauvais-appartement-boulgakov
https://fr.rbth.com/art/93461-raisons-lire-maitre-marguerite-boulgakov
https://fr.rbth.com/art/93348-raisons-regarder-maitre-marguerite-2024
https://www.babelio.com/livres/Boulgakov-Le-Maitre-et-Marguerite/40261
Pour acquérir la traduction française :
EAN13 : 9782360841356
Éditeur : Inculte-Dernière Marge
Date de publication : 6 octobre 2021
https://www.librairiesindependantes.com/product/9782360841356/