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Shoguns utilisant le 57e Ronin
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Le bal
Conte darwinien
Lassé de la vie frivole, mercantile et superficielle de la métropole d'Ile-de-France, le 57e Ronin décida de prendre un week-end en célibataire dans le Haut-Berry, pour se ressourcer et renouer le fil de son existence décousue.
Grace à un site Internet spécialisé, il trouva un gite rural, qui correspondait très exactement à son désir de calme et de sérénité, situé à juste trois heures de route de Paris.
Arrivé vendredi soir à ce gite, il fit connaissance avec la propriétaire du gite, une appétissante blonde aux yeux bleus, cernée par une troupe de minous insupportables, qui lui sembla trop intrusive, et qu'il éconduisit assez facilement.
Après une journée du samedi consacrée à la randonnée dans les vignes du Sancerrois, le soir, il s'enquit des distractions locales auprès de la gérante du gite. Celle-ci lui proposa une virée dans un club échangiste de Bourges, où elle avait ses (mauvaises) habitudes.
Nullement intéressé par ce genre de débauches collectives et vulgaires, le Ronin déclina cette proposition, et la gérante du gite dépitée le traita de rêveur, ce qui équivaut à impuissant dans le jargon des femelles.
Il décida d'aller passer sa soirée dans un bal campagnard situé sur la commune de Sainte-Solange, par ailleurs patronne du Berry.
Entrant dans la salle de bal, le Ronin activa son sonar panoramique et détecta une rangée de femelles assises et jacassantes, pendant que les mâles buvaient des bières au bar. Le Ronin, conformément à la charte du parfait gentilhomme, décida d'inviter une de ces jeunes femmes oisives à danser.
Commençant par la première femelle de la rangée, il lui fit cette invite :
Voulez vous m'accorder cette danse ?
A quoi la femelle répondit :
- Je voudrais bien, mais je garde le sac à ma copine !
Deuxième femelle, deuxième invite et deuxième râteau :
- Je voudrais bien, mais j'ai trop mal aux pieds !
Troisième femelle, troisième invite et troisième râteau :
- Je voudrais bien, mais j'ai trop chaud !
Quatrième femelle, quatrième invite et quatrième râteau :
- Je voudrais bien, mais mon fiancé, le rugbyman de 120 kilos accoudé au bar, ne veut pas que je danse avec un autre que lui !
Répétition de la même demande, et répétition des râteaux jusqu'à la dernière femelle de la rangée qui accepte avec joie la demande du pauvre mâle presque désespéré.
Dans l'esprit du Ronin, la lumière se fit.
Fiat Lux !
Il s'agissait juste d'un grotesque complot des nanas, qui avaient conspiré pour affecter ce mâle estranger à leur copine, la vieille Sylvie, une intermittente du spectacle et de la comprenette, qui se languissait depuis trop longtemps du mal d'amour, et du mal d'enfant. La cause de cette langueur se diagnostiquait facilement par un très lourd problème d'addiction à l'alcool, visible dans ses yeux injectés de sang.
N'étant dupe de RIEN, et n'ayant pas vocation d'addictologue, ni de donneur de sperme bénévole, le 57e Ronin, en parfait comédien, simula un subit trouble intestinal pour s'éclipser du bal, à la grande fureur du ridicule, et, en même temps, minable Complot des femelles.
Tout est bien, qui finit bien, et force resta au Ronin, seul et véritable Maître des horloges.